jeudi 26 novembre 2015

Considérations laotiennes.

Bonjour,
C'est notre dernière journée à Luan Prabang et au Laos. Nous quittons ce soir pour Hanoi.
Ce matin, il pleut. Nous en profitons pour réparer nos corps meurtris et faire les bagages. Vers midi, nous décollons pour une dernière tournée de la ville et effectuer quelques achats. Nous en profitons pour saluer Alex, le propriétaire de la firme de navigation Shompoo que nous avons utilisée sur le fleuve. Sympathique, il répond gentiment à qqs questions pointues sur la vie ici. Il est fils de laotiens chassés en 1976 par les communistes. Il est né en France et après ses études, un peu déchiré par son identité (laotien ou français? Voilà la question.) il revient au pays des ancêtres, fonde une entreprise touristique , épouse une laotienne et tutti quanti. Il est très heureux de son choix. Interrogé sur les conditions d'affaires ici, il dit qu'elles sont excellentes pour l'industrie touristique qui aide au progrès économique du pays. Pour la fiscalité, il est très libre de transférer son argent, le contrôle des devises est allégé. Par contre, il doit régulièrement encourager le fonctionnaire , le policier qui vient faire les inévitables vérifications par une contribution à leurs finances personnelles. Pour le parti, comme dieu, il est partout, mais on ne le voit pas. Plutôt discret , si on compare au Vietnam.





Plusieurs maisons coloniales françaises subsistent à Luan, en voici une de 1932.
Notre tournée nous invite sur le pont temporaire de bambou, installé sur la rivière Nan. Ce pont ne résiste pas à la mousson et doit être reconstruit . Il y a un péage. On doit le réparer souvent, car le courant est puissant. Avec Carmen bien sûr.






Notre marche nous permet quelques achats et nous arrivons au (très petit) musée ethnologique de Luan. Très intéressant. Le musée propose une revue des populations du Laos et informations détaillées sur les principales minoritées. Donc le Laos, avec une population de 6.5 millions d'habitants est composée à 80% d'agriculteurs. Les lao loum représentent 60% de cette population et ils habitent les plaines. Les principales minorités sont les hmong, 450,000 individus, les khamu, 650,000 et les austro-tibétains environ 50,000, qui habitent surtout le nord, sur la frontière chinoise. Les minorités sont composées d'une centaine de clans ou sous groupes. Ils habitent pour la plupart des régions montagneuses.





Le gouvernement laotien dans sa sagesse bureaucratique a reclassifié les populations par leur niveau d'élévation du niveau de la mer. (sic) moins de 200 m, entre 200 et 500 et 500 et plus. 3 catégories. Imaginez le pauvre khamu qui se fait dire qu'il est maintenant une catégorie 500 mètres!!!!!
Les khamu qui sont les plus anciens habitants du pays, possèdent, dit-on, la mémoire généalogique de 60 générations. Tout ça est dans leur tête, puisque le khamu ne s'écrit pas. A part les hmongs dont les vertus guerrières sont bien documentées, les autres ethnies sont plutôt pacifiques. Les hmongs appuyaient le roi et les américains contre le Pathet Lao communiste dans les années soixante. Ils en payèrent un lourd prix.

Après le musée, nous poursuivons par la montée du Phu Si, colline emblématique de Luan Pragang par son lieu de pèlerinage très ancien et qui surplombe la ville avec de beaux panoramas. Il faut quand même monter les 330 marches par 30 degrés, mais bon on y arrive. Le mont est couronné d'un stupa (monument funéraire) et d'un sanctuaire boudhiste.

















En descente, nous croisons plusieurs étudiants laotiens très sympas. Ils portent tous l'uniforme scolaire. Voici Carmen avec ses nouveaux amis du secondaire et quelques élèves du primaire.





Les jeunes filles ont toutes la jupe traditionnelle.


En terminant , quelques observations additionnelles.
L'eau : Le Mékong est imbuvable, puisqu'il s'écoule sur 4500 km et ramasse de Chine des produits chimiques et toutes les eaux usées des riverains. Dans les villages montagnard, sans électricité et autres services, on
s'approvisionne dans les torrents et ruisseaux. L'eau est relativement bonne.
En ville et dans les villages plus prospères, l'on boit exclusivement l'eau embouteillée. La conséquence : une image vaut mille mot. Un défi pour l'avenir.



La société.
Le communisme est remis en question par l'évolution rapide du pays. Selon quelques lectures, on dit que la vielle garde révolutionnaire est challengée par des jeunes du parti. Toutefois, comme à Cuba, il ne faut pas sous estimer les membres du parti à maintenir le statu quo. L'élite politique ne laissera pas tomber ses privilèges facilement.
Il y en apparence une certaine libérisation. Nous avons vus à plusieurs reprises sur les murs de demeures ou des commerces, des photos des anciens rois , chassés en 1976. La religion boudhiste est acceptée , chose rare dans un pays communiste. Donc relative liberté.
Comme les laotiens parlent la même langue que les thailandais, ils regardent la tv thaie. Cela contribue à faire évoluer la pensée et limite le contrôle du parti. Les vietnamiens et les chinois n'ont pas cette liberté. Les émissions préférées; les soaps thailandais ....
Enfin, le pays est très pauvre , mais se modernise rapidement . Comme au 19è siècle en Europe et en Amérique. Les gens quittent la campagne peu à peu pour la ville . Les jeunes d'abord puis les autres. Plusieurs ethnies refusent ces changements brutaux et cela provoque des chocs dans la société. Un gros défi pour le Laos, un petit pays , très sympatique, mais qui n'a pas les ressources pour faire face à ces défis. Analphabétisme, élites peu instruites, corruption endémique.... Pas facile.
Le triangle d'or.: Hier j'ai affirmé après quelques lectures et certains avis locaux, que la production de drogue était presque éradiquée . C'est vrai au Vietnam, mais des sources plus honnêtes et mieux renseignées, me disent que le banditisme règne toujours, mais que la drogue est produite en grande quantitée pour l'immense marché chinois . Qui croire?
La nourriture: très bonne en général, épicée et très locale. On mange des légumes cuits, le boeuf est du "water buffalo", le poisson du Mékong, le bambou, les algues du Mékong séchées, etc.
Tout est bien apprété avec une influence thaie, les brochettes et les bbq.
On mange également du chien. Dans un village khamu que nous avons visité, nous avons été surpris par la quantité de chiens, plus d'une centaine. On nous dit que les montagnards les utilisent comme scouts dans la forêt, car ils dépistent les serpents, scorpions et autres dangers potentiels . En plus , on les mange et c'est très apprécié. Rien ne se perd ici.
Nous quittons le Laos avec d'excellents souvenirs . Une population chaleureuse, amicale et pleine d'intérêt pour le monde qui s'ouvre. Un pays à approfondir sans doute, mais bon on apprécie notre découverte.

Le patient lecteur m'excusera pour ces longues élucubrations.

On prend le tuk-tuk pour l'aéroport.
À demain.





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Location:Phố Hàng Nón,Hanoï,Viêt-Nam

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